Depuis l’intégration d’Anaplan Data Orchestrator (ADO) dans la suite Anaplan, de nombreuses entreprises s’interrogent : faut-il l’adopter ? Quels bénéfices et pour quels usages ? Chez Beyond Plans, nous suivons avec attention les évolutions d’ADO, et ce depuis sa première version. Et nous constatons une nette accélération des usages grâce aux dernières mises à jour apportées par Anaplan. Voici notre analyse, entre apports réels, bonnes pratiques d’implémentation, limitations à surveiller et perspectives d’évolution.
ADO : à quoi ça sert ?
ADO n’est pas une plateforme d’intégration universelle. Cela reste un outil spécialisé, conçu pour fonctionner au plus près d’Anaplan. Il ne vise pas à couvrir des scénarios d’intégration lourds, multi-sources ou très complexes, comme peuvent le faire des solutions dédiées telles qu’Informatica, Talend ou Boomi. Son positionnement est volontairement ciblé : offrir une orchestration fluide, sécurisée et simple d’usage des flux entrant et sortant d’Anaplan, sans multiplier les couches techniques ni complexifier l’écosystème.
ADO a été conçu pour orchestrer les flux de données entre Anaplan et des systèmes sources ou cibles, et pour automatiser les opérations liées à l’alimentation des modèles Anaplan. Son intérêt principal est de simplifier, automatiser et centraliser les échanges de données, sans recourir à des scripts personnalisés ni dépendre systématiquement d’un ETL (Extract, Transform, Load) externe.
Les principales fonctions d’ADO
- Extraction des données des systèmes sources, grâce à une panoplie de connecteurs natifs embarqués ;
- Transformation des données par des mappings simples à administrer et via une interface no-code. Ces transformations sont réalisées de manière séquentielle, avec un transit des datasets via des buffers temporaires hébergés dans l’environnement cloud Anaplan, sans stockage persistant, ce qui garantit un traitement éphémère et sécurisé des données ;
- Ordonnancement des flux de données (imports/exports) ;
- Traçabilité des actions exécutées ;
- Cartographie des flux et leur statut en temps réel ;
- Affranchissement de la création de systèmes data hubs dans Anaplan, puisque les données sont déjà centralisées dans ADO.
Les évolutions majeures d’ADO en 2025
Depuis sa parution, Anaplan n’a cessé d’apporter à ADO de nouvelles fonctionnalités et de nouveaux connecteurs. Ces ajouts constituent des évolutions majeures qui renforcent significativement ses capacités :
- Aperçu des données dans l’interface : il est désormais possible de visualiser un extrait d’un jeu de données lors du mapping ou dans les vues de transformation. C’est une avancée simple mais utile pour éviter les erreurs de manipulation.
- Carte de lignée des données (Data Lineage) : une représentation graphique permet de mieux suivre les relations entre les objets utilisés dans les flux (datasets, modèles, transformations, connexions). On peut filtrer l’affichage par type de composant ou regrouper par « couloirs » (modèles, sources, transformations, etc.). Cette fonctionnalité repose sur la modélisation des dépendances internes entre objets ADO, sans pour autant permettre un traçage complet jusqu’à la source de données applicative dans un système externe. Elle clarifie néanmoins la lecture de flux complexes, notamment pour les modèles interconnectés.
- Support SSH pour MS SQL Server : l’ajout du tunneling SSH améliore la sécurité des connexions aux bases de données internes, en évitant l’exposition directe des ports. Toutefois, cette fonctionnalité nécessite des configurations réseau spécifiques côté client, comme l’utilisation de jump servers ou bastions dans certains contextes.
- Connexion par paire de clés à Snowflake : cette nouvelle méthode d’authentification respecte les standards PKI et permet de s’intégrer dans des architectures de type Zero Trust, avec pour effet un niveau accru de contrôle des accès pour les environnements cloud sécurisés.
- Intégration avec Polaris : la synchronisation avec le moteur de calcul Polaris permet des échanges plus fluides et une meilleure compatibilité avec les jeux de données massifs, notamment dans les modèles nécessitant de la haute performance.
Ces ajouts renforcent concrètement la maturité d’ADO en élargissant ses usages et en améliorant son intégration dans des environnements IT variés.
Où ADO tient ses promesses
Nous observons sur le terrain qu’ADO s’avère particulièrement efficace pour :
- les flux de référentiels (produits, clients, hiérarchies, effectifs, etc.) entre un ERP ou un SIRH (Système d’Information des Ressources Humaines) et Anaplan ;
- Les flux des données du Réel, provenant notamment de systèmes transactionnels amont (ERP, etc.) ou data lakes et autres bases décisionnelles.
- les flux de planification déclenchés automatiquement à partir d’un point d’entrée (actualisation d’un taux de change, lancement d’un cycle budgétaire, etc.) ;
- les flux entre modèles Anaplan dans les environnements à plusieurs hubs (finance, RH, supply chain…).
ADO permet une meilleure autonomie des équipes Anaplan dans la gestion quotidienne des flux, réduit la dépendance aux exports/imports manuels et améliore la fiabilité globale du modèle.
Les points de vigilance à considérer lors des projets
Certaines limites subsistent toutefois, qui doivent être prises en compte dès la phase de cadrage :
- Transformations ciblées : ADO se concentre volontairement sur des opérations simples et lisibles (filtres, renommages, jointures 1-1), ce qui garantit une prise en main rapide et une maintenance facilitée. Pour les cas plus complexes, l’approche recommandée consiste à préparer les données en amont (via ETL ou middleware), ou à tirer parti des capacités de traitement du modèle Anaplan lui-même.
- Connecteurs encore incomplets : tous les systèmes ne sont pas nativement supportés. Il faut parfois passer par une couche intermédiaire (APIs, exports FTP, bases temporaires).
- Gestion des erreurs à surveiller : la détection des erreurs et leur gestion sont encore perfectibles. Les logs sont présents mais nécessitent un minimum de familiarité avec l’outil pour être pleinement exploitables. De plus, ADO ne permet pas encore de redémarrage partiel ni de reprise automatique sur erreur, ce qui impose une supervision active ou la mise en place de mécanismes de contournement, comme la replanification des flux via API.
Voilà pourquoi, chez Beyond Plans, nous considérons ADO comme un levier parmi d’autres, à intégrer dans une démarche d’architecture globale et en tenant compte de ses forces et de ses axes d’amélioration.
L’approche projet de Beyond Plans
En général, l’implémentation d’ADO doit selon nous suivre une démarche en 5 temps :
- Analyse des flux critiques : il est essentiel de prioriser les flux à forte valeur (volumétrie, fréquence, risques) plutôt que de chercher à tout brancher à ADO.
- Architecture cible : définition du rôle d’ADO dans l’écosystème global, en lien avec les outils déjà en place.
- Prototypage rapide : test des flux critiques pour valider la faisabilité, les performances et les erreurs potentielles.
- Sécurisation & gouvernance : gestion des droits, des logs, de la maintenance, et documentation des flux.
- Montée en compétence : formation des utilisateurs Anaplan à l’administration de base d’ADO, pour garantir l’autonomie.
Cette approche permet de sécuriser la mise en œuvre tout en conservant une logique incrémentale.
Vers quoi ADO pourrait évoluer ?
Nous voyons déjà des signaux d’ouverture vers :
- Des nouveaux connecteurs sont à prévoir dans la roadmap d’Anaplan.
- L’intégration de connecteurs universels (API REST générique, OData, etc.) et des alertes intelligentes sur les échecs de flux ;
- Une orchestration conditionnelle (exécution de flux basée sur des règles ou des états de modèles). Cette fonctionnalité reste une attente forte des utilisateurs. A ce jour, elle est encore souvent contournée via des “workarounds” ou des logiques intégrées dans l’Application Lifecycle Management (ALM) ;
- Une meilleure articulation avec l’ALM Anaplan, notamment pour la gestion des flux entre workspace de développement et de production.
Si Anaplan poursuit dans cette direction, ADO deviendra un composant clé d’une gouvernance de données bien structurée, sans avoir besoin de recourir à des solutions externes lourdes.
Notre conclusion
ADO s’impose aujourd’hui comme un pilier structurant de l’écosystème Anaplan. Grâce à ses dernières évolutions, il permet de construire des flux robustes, gouvernés, et directement intégrés aux cycles de planification. Dans les environnements Polaris, multi-hubs ou à forte fréquence de synchronisation, ADO devient un accélérateur de valeur, en rendant les données planifiées plus fiables, plus contextualisées, et mieux pilotées par les métiers.
Chez Beyond Plans, nous recommandons ADO chaque fois qu’il apporte une valeur directe pour les métiers et qu’il s’inscrit dans une architecture SI cohérente. Si vous utilisez des systèmes comme SAP, où la planification repose sur des flux critiques et multi-modèles, ou si vous avez basculé vos modèles vers Polaris pour gérer de très grands volumes de données, ADO devient un levier indispensable. Il permet de piloter les échanges de données de manière fluide, contextualisée, et alignée avec les cycles de planification.
Au-delà d’un simple connecteur, ADO propose une approche “planning-aware integration”, où les flux ne sont plus uniquement des transferts techniques, mais des composants dynamiques du modèle de pilotage : déclenchements conditionnels, séquencement intelligent, gouvernance intégrée.
Notre équipe chez Beyond Plans s’engage à maximiser cette valeur en :
- Identifiant les flux qui ont un réel impact métier (référentiels, déclencheurs, synchronisations multi-hubs) ;
- Construisant des intégrations robustes et évolutives, compatibles avec l’ALM et Polaris ;
- Formant les utilisateurs pour assurer une autonomie complète dans l’administration et le suivi des flux.
Bref, ADO ne remplace ni un datawarehouse, ni une stratégie de gouvernance, mais il en devient le prolongement naturel dans Anaplan, avec un gain concret de réactivité, de fiabilité et de lisibilité sur les données planifiées.