Finance & Budgeting

Et si le vrai problème n’était pas Excel ?

Mehdi Ben Salah

Une tribune de Mehdi Ben Salah, cofondateur de Beyond Plans

Une simple question posée à un parterre de financiers m’a rappelé quelque chose d’essentiel : si Excel reste si présent, ce n’est pas seulement par habitude, mais parce qu’il comble encore des zones d’ombre dans les processus. Chez Beyond Plans, je le vois dans presque chaque projet : Excel n’est pas un dysfonctionnement, c’est un révélateur qui mérite qu’on le regarde autrement.

Je sors de Financium 2025 – la conférence annuelle de la DFCG – avec un sentiment paradoxal. On a parlé d’IA, d’automatisation intelligente, de modèles augmentés… et pourtant, ce qui a suscité le plus de réactions tient en un mot : Excel.

Au-delà de l’outil, ce que j’ai entendu résonne avec ce que je vois chaque semaine chez les clients que nous accompagnons chez Beyond Plans.

Lors d’une session dédiée aux nouveaux usages IA en finance, l’animateur pose une question simple aux 120 participants — essentiellement des contrôleurs de gestion et des responsables financiers :

« Qu’est-ce qui vous irrite le plus dans vos processus budgétaires ? »

Et là, en boucle : Excel, Excel, encore Excel.

On pourrait sourire. En réalité, j’ai plutôt ressenti un malaise. Comment expliquer qu’en 2025, avec des plateformes EPM puissantes, cloud, accessibles, la dépendance à Excel reste aussi forte ?

En tant que partenaire des directions financières, je me suis surpris à penser : et si on avait raté un truc ?

 

Et si le sujet n’était pas l’outil ?

Cela fait longtemps qu’on répète : « il faut sortir d’Excel ».

Mais je commence à penser que nous posons le problème à l’envers.

Excel n’est pas seulement un logiciel. Il incarne quelque chose de beaucoup plus profond :

  • une réponse immédiate,
  • une autonomie totale,
  • une compréhension intuitive,
  • la possibilité de bricoler et d’itérer vite,
  • et surtout… aucun garde-fou.

Mais Excel, c’est aussi comme de l’eau. Et l’eau, ça s’infiltre dès qu’il y a une faille dans le processus. Le sujet n’est donc peut-être pas Excel… Le sujet, c’est la faille !

 

Les processus évoluent plus vite que les outils

On touche ici un point que les CFO connaissent trop bien.

Un projet démarre en janvier. Il se construit pendant 12 à 18 mois mais quand il arrive en production… la réalité du business a déjà changé. Résultat : le modèle est obsolète avant même d’être utilisé.

Pendant ce temps, Excel reste la béquille parfaite : flexible, immédiat, prêt à absorber l’exception du moment. Ce n’est pas qu’Excel “gagne la partie”. Excel s’adapte plus vite que l’organisation ne transforme ses processus.

Et ça… aucun outil, même le plus agile des modèles Anaplan, ne peut le compenser seul.

Le vrai sujet : un décalage culturel et méthodologique

Ce qu’on observe — et que je vois encore dans trop de projets — c’est un triptyque récurrent :

  • Des processus trop complexes

Années après années, les organisations ajoutent des exceptions, des sous-cas, des règles locales… jusqu’à rendre l’ensemble illisible.

  • Une faible appropriation des workflows EPM

Beaucoup d’utilisateurs vivent l’outil comme une centralisation excessive qui ne comprend pas leurs cas particuliers.

  • Un manque d’agilité dans la modélisation

Vouloir tout couvrir dès le premier jour, c’est souvent construire une cathédrale rigide impossible à faire évoluer.

Et dans ce contexte, Excel apparaît comme la seule zone de liberté : il ne dit jamais “non”, ne demande pas de formation et ne bloque rien.

Excel n’est pas un concurrent. C’est un symptôme.

 

Repenser la transformation : arrêter de combattre Excel

C’est une conviction que j’assume de plus en plus : si Excel ressort, c’est que quelque chose ne va pas dans le processus, pas dans la technologie.

Quand un utilisateur crée un fichier hors outil, ce n’est presque jamais de la résistance au changement. C’est un message, parfois même un appel à l’aide.

Dans les faits, cela signifie souvent :

  • “Le process n’est pas clair”
  • “On m’a demandé un nouveau reporting la semaine dernière”
  • “Je ne sais pas où mettre cette donnée”
  • “L’outil n’est pas prêt pour ce cas particulier”
  • “On n’a pas prévu cette exception”

C’est donc bien un problème d’alignement, de rythme et de gouvernance du changement. Pas un problème de technologie.

Et c’est bien notre rôle, chez Beyond Plans, d’aider les directions financières à entendre ces signaux faibles et à les traiter avant qu’ils n’explosent en 200 fichiers dispersés.

Ce que je retiens vraiment du Financium 2025

Je n’en retiens pas que “Excel est un problème” mais que les organisations laissent un vide que ni les outils ni les processus ne parviennent à combler durablement. Et ce vide, Excel s’y engouffre naturellement.

Pour progresser, la bonne question n’est pas : “Comment faire arrêter Excel ?

Mais plutôt :

  • Pourquoi Excel devient-il indispensable pour vos équipes ?
  • Quel morceau du processus manque de clarté, de stabilité ou de gouvernance ?
  • Comment concevoir des modèles qui restent utiles malgré l’évolution rapide du business ?
  • Comment injecter de l’agilité — la vraie, pas celle qui est juste écrite dans le cahier des charges — dans la modélisation et la maintenance ?

Bref, Excel n’est pas l’ennemi : c’est le révélateur !

Excel révèle :

  • un processus trop complexe,
  • un modèle trop rigide,
  • un besoin non couvert,
  • un changement trop rapide,
  • ou une organisation qui n’a pas encore trouvé son rythme.

Si on veut accompagner les directions financières dans des transformations solides, utiles et durables, ce n’est pas en cherchant à éradiquer Excel.

C’est en construisant des processus et des modèles qui respirent, qui s’adaptent, qui vivent au rythme du métier… et qui donnent enfin aux équipes une raison de ne plus retourner vers Excel.

Et ça, c’est un travail qui dépasse l’outil. C’est un travail collectif, méthodologique et culturel. Et c’est là que se joue la vraie transformation.

FAQ
Les questions que les directions financières posent vraiment sur Excel et la transformation EPM

Pourquoi Excel revient-il systématiquement dans les processus budgétaires ?

Parce qu’il absorbe immédiatement une demande, une exception ou une urgence. Quand le processus ou l’outil n’offre pas une réponse claire, Excel fait le lien. Ce n’est donc pas un problème technique : c’est un signal de désalignement entre les besoins des équipes et la manière dont le modèle a été conçu ou gouverné.

Faut-il “éradiquer” Excel pour réussir une transformation EPM ?

Non. L’enjeu n’est pas de supprimer Excel, mais de comprendre pourquoi il apparaît. Quand les utilisateurs créent des fichiers hors-processus, ils révèlent une faille : règles trop complexes, manque d’agilité, modèle figé, ou absence de pilotage du changement. Le vrai levier, c’est l’alignement et la simplification.

Comment éviter que le modèle EPM devienne obsolète avant sa mise en production ?

En adoptant une approche itérative, en limitant le périmètre initial à l’essentiel, et en laissant volontairement de la place pour l’évolution. Les programmes qui cherchent à tout couvrir dès le départ finissent souvent par manquer leur cible. L’agilité dans la modélisation est clé — autant dans Anaplan que dans tout autre EPM.

Comment gérer les exceptions sans recréer des fichiers Excel en parallèle ?

En clarifiant les règles métier, en rendant visibles les décisions d’arbitrage, et en industrialisant les exceptions récurrentes. Une bonne gouvernance évite la prolifération de fichiers isolés. Les exceptions ponctuelles, elles, doivent pouvoir être intégrées sans casser le modèle.

Le problème vient-il des outils EPM ou des organisations elles-mêmes ?

Majoritairement des organisations. Les outils actuels — Anaplan, OneStream, Pigment, Adaptive — sont matures. Ce qui bloque, ce sont les processus surchargés, les cas particuliers accumulés, les workflows mal compris et un rythme de transformation qui ne suit pas celui du business. Excel ne fait que révéler ces déséquilibres.

Comment savoir si mon organisation souffre d’un “vide process” que comble Excel ?

Plusieurs signaux existent : rapports en doublon, fichiers “temporaires” qui deviennent critiques, modèles trop lourds à maintenir, divergences entre les équipes finance et métier, ou impossibilité à intégrer une nouvelle règle sans projet IT. Quand Excel revient fréquemment, c’est rarement un hasard.

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